LA SURVIE DES PLUS PETITS

Six ans plus tard, l’histoire du plus petit patient du Centre de santé de Rexton d’Horizon nous réjouit.

« Il faut un village pour élever un enfant. »

Ce proverbe africain peut sembler banal, mais un village solidaire était exactement ce qu’il fallait pour aider le petit Logan Robichaud à rester fort et en santé après sa naissance trois mois avant terme, et au cours des années qui ont suivi.

Aujourd’hui, à six ans, il est comme tout autre garçon du comté de Kent, actif et plein d’esprit. Il rigole et éclate de rire en décrivant les animaux domestiques de sa famille, une ménagerie qui comprend des poules qui pondent des œufs bleus.

Ces éclats de rire enchantent les membres de sa famille, car Logan a dû surmonter d’énormes défis depuis sa naissance. En fait, le Centre de santé de Rexton d’Horizon n’a jamais vu de patient aussi petit que cet ancien bébé prématuré.

Sa mère attribue sa force et sa croissance au fait de l’avoir élevé dans un milieu communautaire fondé sur la collaboration et la résilience.

Photo de Logan Robichaud et de sa mère, Amanda.
Photo de Logan Robichaud.

« Tout ce dont nous avons besoin se trouve ici », dit Amanda, en évoquant les joies de la vie rurale, la proximité des rivières et des plages, et la camaraderie des fournisseurs de soins de santé qui vivent et travaillent dans la région. Ses expériences dans les unités de soins néonatals intensifs l’ont incitée à poursuivre ses études.

Cette ancienne phlébotomiste est aujourd’hui infirmière auxiliaire autorisée. Elle travaille au Centre de santé de Rexton et à l’Hôpital Stella-Maris-de-Kent. Elle est également pompière volontaire.

TAUX DE SURVIE DE 5 %

La force intérieure prend des formes et des dimensions diverses. Logan est né après un accouchement d’urgence qui a commencé à l’Hôpital de Moncton d’Horizon et s’est terminé au Centre de santé IWK à Halifax. Le bébé prématuré a subséquemment vécu de longs séjours dans les unités de soins néonatals intensifs (USNI) des deux villes.

À la grande surprise de sa mère, son arrivée était tout à fait différente de la naissance normale de ses frères et sœurs aînés. La plupart des femmes accouchent entre 38 et 42 semaines de grossesse; or, Logan est né à 23 semaines et 6 jours, ne pesant que 590 grammes (moins qu’une balle de baseball) et mesurant 11 pouces.

Selon le Programme de santé périnatale du Nouveau-Brunswick, Logan était l’un des plus petits bébés prématurés nés depuis 2010, et le fait qu’il n’a aucun problème médical sous-jacent est tout à fait exceptionnel. Aujourd’hui, ce garçon est en parfaite santé. Il n’a jamais eu besoin de lunettes et n’a subi aucune intervention chirurgicale majeure.

« Pendant longtemps, son état est resté critique, mais stable. Toutefois, il était tellement fort qu’il a progressé au-delà de mes attentes », explique Amanda, encore étonnée de la force innée de son fils.

Chose aussi remarquable, Amanda a traversé le processus de travail toute seule. Le père de Logan, un pêcheur, était en mer au moment de sa naissance et a donc manqué l’événement. Amanda se rappelle avoir pris les premières décisions cruciales seule, avec le soutien de son équipe de soins.

Un accouchement prématuré comporte certainement des risques, et Amanda est très reconnaissante au personnel soignant qui l’a conseillée à son chevet.

En se rappelant ces moments de forte tension, Amanda se souvient aussi avec plaisir des moments de calme à l’USNI de Halifax. Les deux parents passaient une bonne partie de leur temps à effectuer des soins « kangourou » à tour de rôle. Cette méthode consiste à placer le bébé sur la poitrine nue d’un de ses parents, en contact peau à peau, afin d’aider à régulariser le rythme cardiaque et la respiration du bébé et, à la longue, d’améliorer le développement de son cerveau.

« Nous avons apporté beaucoup de soins « kangourou » à notre fils », affirme Amanda, « au point où le personnel infirmier disait à la blague qu’il songeait à nous munir tous de cathéters! »

Le sens de l’humour d’Amanda a été égalé par les interventions comiques du personnel infirmier, ce qui a contribué à atténuer le stress causé par la situation. Une atmosphère positive était très importante, d’autant plus que Logan, pendant son séjour aux USNI de Halifax puis de Moncton, subissait régulièrement des radiographies et recevait l’attention spécialisée d’une équipe d’experts composée de pharmaciens et de diététistes.

BIEN PLUS QU’UN TRAVAIL D’ÉQUIPE

À son retour au village de Richibucto quelques mois plus tard, une communauté étroitement soudée de professionnels de la santé du Centre de santé de Rexton d’Horizon était là pour assurer le suivi de Logan.

Amanda a établi de nombreux liens tout au long de son parcours avec Logan. Elle reconnaît la contribution des nombreux professionnels de la santé qui ont collaboré, partagé des dossiers médicaux et aidé Logan et d’autres bébés prématurés à surmonter leurs difficultés, tout en rassurant les parents inquiets qu’elle a rencontrés pendant son séjour à l’hôpital.

En sortant du cadre hospitalier, Logan avait besoin d’un autre environnement très stérile. Amanda décrit la situation comme étant celle d’une bulle. Tous les membres de la famille devaient avoir leurs vaccins à jour, et chacun devait se laver les mains jusqu’aux coudes. La température de la maison devait également rester confortable à 21°C.

Malgré tout, Logan a pu s’épanouir et traverser quelques maladies; sa santé a été constamment surveillée, même lorsqu’il a été transféré à LHM. Il a quitté l’IWK en grand style, vêtu d’un smoking fait pour un petit ours en peluche.

Photo de Logan Robichaud.

Outre les équipes de soins de santé de Moncton et de Halifax, Amanda avait une autre équipe qui travaillait pour soutenir sa famille chez elle. Au moment où elle se rendait à Halifax pour accoucher, ses amis et sa mère ont emménagé dans sa maison au village de Richibucto.

« Une amie et ses filles adolescentes se sont installées dans la maison pour m’aider, puis ma mère s’est installée avec elles », dit-elle. « C’était difficile de tout organiser, mais elles ont été merveilleuses – elles sont restées avec les enfants. »

UNE COLLECTIVITÉ BIENVEILLANTE

Dès son plus jeune âge, Logan avait des rendez-vous au Centre de santé de Rexton d’Horizon tous les deux jours pour se faire peser et pour assurer sa bonne croissance.

Photo de Joanne Richard

L’infirmière Joanne Richard se rappelle la complexité de la prise des mesures de Logan.

« Il devait être manipulé avec soin. Je demandais toujours à sa mère, Amanda, de le placer sur notre balance », raconte Joanne.

Amanda était heureuse d’avoir ces services si près de chez elle. Elle n’hésitait pas à se rendre à Sainte-Anne-de-Kent pour des rendez-vous en orthophonie et à l’Hôpital de Moncton d’Horizon pour des séances d’ergothérapie, ce qu’elle faisait jusqu’en septembre dernier, date à laquelle son fils a commencé l’école.

Cet été, Logan pourra profiter pleinement de ses vacances avant de retourner à l’école. Il n’aura plus de rendez-vous de suivi. Il peut simplement vivre sa vie d’enfant normal. Mais sa force intérieure et son lien avec sa collectivité le distingueront toujours de ses camarades de classe.

Photo de Logan Robichaud.