PARLE-MOI!

Portrait d’une équipe soignante d’Horizon qui a veillé à ce qu’un père et son fils demeurent soudés malgré les restrictions concernant les visites aux patients

Photo d'un patient avec des visiteurs venant à la fenêtre de son lit d'hôpital

Le téléphone sonne dans la chambre de Fred Caldwell.

L’homme de 95 ans, cheveux frais coupés, porte l’une de ses plus belles chemises.

Ses infirmières déplacent son lit près de la fenêtre de sa chambre, au troisième étage de L’Hôpital de Moncton du Réseau de santé Horizon, pour lui permettre de mieux voir dehors.

Ce n’est pas seulement la lumière qui pénètre par sa fenêtre qui illumine le visage de Fred; ce sont aussi les gens qui se trouvent au bout du fil (et dehors!) qui le rendent si heureux.

Son fils, Larry, et sa bru, Pam Richardson, se trouvent à l’extérieur de l’hôpital, en face de l’entrée principale, près des drapeaux. Sans perdre de temps, Fred leur ordonne de reculer un peu pour que lui et son équipe soignante puissent mieux les voir.

Il leur envoie vigoureusement la main et leur souffle un bec, puis il demande à ce qu’on lui tende sa tasse de café Tim Hortons afin de leur proposer de trinquer pour leur montrer qu’on prend bien soin de lui.  

« C’est mon café préféré », dit-il de sa boisson. « Ça fait du bien à mon âme. »

Fred ne ressent pas le besoin de parler aux membres de sa famille qui se trouvent dehors. Leur simple présence le comble, rassure-t-il.

« Parle-moi! », lance-t-il à Larry, distrait par l’affection témoignée par l’équipe soignante entièrement féminine qui s’affaire autour de lui, à laquelle s’ajoutait l’employée des Communications présente pour l’occasion. « Y’a du monde à messe! », ajoute-t-il pour décrire les nombreuses personnes se trouvant dans sa chambre.

« Vous avez l’air en forme », observe-t-il en regardant son fils et sa bru. « Qu’est-ce que vous faites de bon cet après-midi? Larry, as-tu sorti ton bicycle? »

Photo d'un patient avec des visiteurs venant à la fenêtre de son lit d'hôpital
Photo d'un patient avec des visiteurs venant à la fenêtre de son lit d'hôpital

RESTER EN CONTACT À DISTANCE

Des restrictions concernant les visites aux patients ont été mises en œuvre dans tous les établissements d’Horizon afin d’empêcher la propagation du nouveau coronavirus (COVID-19) et d’aider Horizon à assurer la santé et la sécurité de patients comme Fred et de son équipe de soins.

En raison de ces restrictions, le fils unique de Fred, Larry, n’a pas été en mesure de visiter son père depuis le 16 mars.

Avant ces restrictions, Larry et Pam visitaient Fred tous les jours depuis son admission le jour de la Saint-Valentin pour traiter une insuffisance cardiaque congestive. Il a aussi eu des difficultés respiratoires et s’est retrouvé avec de l’eau sur les poumons.

Larry explique que son père va beaucoup mieux, mais que son équipe soignante veut que son appétit se replace avant de lui donner son congé.

« Il est quand même de bonne humeur », résume Larry.

Les deux hommes demeurent soudés.

Le jour où les restrictions ont été annoncées, Larry a fait activer la ligne téléphonique dans la chambre de son père, même si ce dernier est dur d’oreille. Ils se parlent de quatre à cinq fois par jour, d’abord quand Fred se lève à 8 h 30, et la dernière fois en fin de journée, après 21 h.

Si leurs brins de jasette leur faisaient du bien, quelque chose d’encore plus spécial se tramait.

Photo d'un patient avec des visiteurs venant à la fenêtre de son lit d'hôpital

LE TEMPS QUI PASSE

Du haut de ses 95 ans et trois quarts, Fred a toujours l’esprit très alerte.

Il comprend très bien ce qui se passe en lien avec la COVID-19 ainsi que les changements qui ont dû être apportés à l’hôpital. Il comprend pourquoi les membres de son équipe soignante portent un masque, pourquoi ils ne peuvent lui serrer la main et pourquoi les gens ne peuvent pas se rassembler au comptoir Tim Hortons du vestibule pour jaser.

Fred, qui soufflera 96 bougies le 18 octobre, est un musicien, et ça paraît. Ses doigts témoignent des nombreuses années qu’il a passées à gratter la guitare et à jouer de l’harmonica, du violon et du piano. Il dégage une certaine noblesse, et pour cause : son deuxième prénom est Noble.

Mais ce qui fait la fierté de Fred, c’est son fils qu’il adore.

Une bonne journée, il s’ennuyait tellement de lui qu’il s’est mis à pleurer. Même à l’instant où nous recueillons ses propos, il essaie de retenir ses larmes quand il parle de son fils unique.

« C’est certain que oui », répond-il quand on lui demande si son fils lui manque. « Changeons de sujet, sinon je vais me mettre à pleurer. »

Témoin de son émotivité, Lori Vrensen, la commis de l’unité 3600 (soins infirmiers de longue durée) où se trouve Fred, qui lui sert aussi de barbière et de messagère, a eu l’idée de rendre les conversations téléphoniques entre le père et le fils plus mémorables : I’équipe allait fabriquer une pancarte qu’elle collerait à la fenêtre à la prochaine visite de Larry et de Pam.

« Le projet l’a fait sourire », précise Lori.

Photo d'un patient avec des visiteurs venant à la fenêtre de son lit d'hôpital

Par un beau dimanche après-midi, Larry et Pam ont annoncé à Lori qu’ils allaient venir rendre visite à Fred à sa fenêtre. On leur a dit où se placer à l’extérieur, puis on leur a offert la belle surprise : la pancarte avait été collée à la fenêtre de Fred et on pouvait y lire « Je vous aime et vous me manquez », suivi d’un cœur et de XOXOXO.

Photo d'un patient avec des visiteurs venant à la fenêtre de son lit d'hôpital

« Toutes les infirmières sont venues à la fenêtre », précise Pam. « Larry et moi avions le motton. »

« Ce qui nous a sauté aux yeux, c’était toute l’attention qu’on lui avait portée », ajoute-t-elle. « Les infirmières ont toutes été d’un grand soutien. Elles se sont donné la peine de faire ça pour lui même si elles sont extrêmement occupées avec la situation actuelle, les restrictions des visites et les longues journées de travail. Elles étaient toutes là, le sourire fendu jusqu’aux oreilles. C’était magnifique à voir. »

Fred adore les membres de son équipe soignante, mais il préférerait quand même être à la maison et être en mesure de voir son fils en personne tous les jours.

« Je t’aime tellement », chantonne-t-il. « J’ai tellement hâte de te revoir. »