PANDÉMIE : MOINS DE RENDEZ-VOUS MANQUÉS GRÂCE À LA TECHNOLOGIE VIDÉO

Lorsque les rendez-vous de santé mentale en personne ont dû être interrompus en raison de la COVID-19, un nouveau service de consultation virtuelle a permis aux clients de poursuivre leurs séances à partir de la maison

Photo de Krisan Palmer, gestionnaire de soins virtuels et responsable clinique

Krisan Palmer, gestionnaire de soins virtuels et responsable clinique

Dès qu’il est devenu évident en mars que la COVID-19 était à la porte du Nouveau-Brunswick, le système de soins de santé s’est rapidement mobilisé pour se préparer à un afflux de nouveaux patients.

Alors que la majorité de la population se mettait à s’isoler à la maison, d’autres secteurs du système de santé ont dû trouver des moyens pour s’assurer que les patients et clients atteints d’autres troubles médicaux à risque élevé pouvaient continuer d’avoir accès au système de santé.

Pour l’équipe des Services de traitement des dépendances et de santé mentale, l’incapacité de voir un professionnel de la santé mentale pourrait nuire au bien-être psychologique des 2 500 patients dont elle s’occupait chaque semaine.

MISE EN OEUVRE

On a proposé de recourir à la vidéo en direct, et Krisan Palmer, gestionnaire de soins virtuels et responsable clinique, a été chargée de superviser le déploiement rapide de la plateforme de soins virtuels auprès des quelque 700 cliniciens en santé mentale d’Horizon.

« Mon rôle est de servir de liaison entre les informaticiens et les cliniciens, en défendant à la fois le patient et le clinicien pour m’assurer que les technologies répondent aux besoins cliniques, faute de quoi elles ne seront pas adoptées », dit-elle. « Comme infirmière, je sais à quel point la technologie peut être frustrante lorsque le personnel de première ligne reçoit un outil à utiliser avec peu de formation quant à son mode d’emploi. »

Une plateforme vidéo sécurisée de soins virtuels avait déjà été utilisée au sein d’Horizon en conjonction avec d’autres spécialités et l’application mobile d’Horizon, mais elle n’avait pas encore été entièrement déployée pour des séances vidéo interactives en temps réel. La pandémie a entraîné le déploiement rapide de cette plateforme, intégrant l’outil Zoom, auprès des 700 praticiens de la santé mentale d’Horizon.

LES CLIENTS ADULTES EN BÉNÉFICIENT

Photo du Dr Anthony Njoku, chef du service de psychiatrie d'Horizon pour la région de Fredericton

Le Dr Anthony Njoku, chef du service de psychiatrie d’Horizon pour la région de Fredericton, connaît bien la technologie. À la Clinique de traitement des traumatismes liés au stress opérationnel (TSO) d’Horizon à Fredericton, il utilise la vidéoconférence pour voir ses clients dans tout le Canada atlantique. Un traumatisme lié au stress opérationnel (TSO) est un problème psychologique persistant découlant des tâches opérationnelles accomplies au cours du service dans les Forces canadiennes (FC) ou en tant que membre de la GRC. Les rendez-vous traditionnels obligent le client à se rendre à un hôpital ou à une clinique de sa localité pour utiliser une salle de vidéoconférence. Or, grâce à la nouvelle plateforme de soins virtuels, les clients peuvent maintenant assister par vidéo à leurs rendez-vous en utilisant leur téléphone, leur tablette ou leur ordinateur dans le confort de leur foyer.

Le Dr Njoku se souvient que pendant des années, la croyance populaire voulait que les traitements psychiatriques se fassent à l’hôpital. En fait, l’utilisation généralisée de la plateforme de soins virtuels pour les séances vidéo personnelles s’avère maintenant plus pratique pour le client et réduit l’anxiété.

« La COVID-19 a changé la donne », explique le Dr Njoku. « La technologie élargit la prestation de services en permettant de joindre les clients là où ils en ont besoin, où qu’ils se trouvent. »

SOINS DE SANTÉ MENTALE AUX ENFANTS ET AUX JEUNES, RÉGION DE SAINT JOHN

Photo du Dr Anjum Faridi, psychiatre pour enfants et adolescents chez Horizon pour la région de Saint John

Avec ses trois collègues, le Dr Anjum Faridi, psychiatre pour enfants et adolescents chez Horizon pour la région de Saint John, traite des centaines de jeunes. Le Dr Faridi préfère que la première séance avec ses clients se déroule en personne, car cette approche lui permet de mieux comprendre la dynamique et de repérer les indices non verbaux. Pour cette raison, le Dr Faridi admet qu’il appréhendait quelque peu l’utilisation de la nouvelle technologie au début, mais depuis qu’il l’a adoptée, il en a constaté personnellement les nombreux avantages.

« Pour moi, le passage au virtuel a été une évolution sans heurt vers cette norme », signale-t-il. « Il suffit de cliquer sur le lien pour se connecter. »

Le Dr Faridi et des centaines de ses collègues cliniciens en santé mentale ont constaté que les clients et leurs familles ont accueilli avec enthousiasme la transition vers les soins virtuels. En conséquence, le nombre de rendez-vous virtuels manqués par rapport aux rendez-vous manqués en personne est négligeable. Par exemple, en janvier, avant la mise en place des soins virtuels, près de 14 % des clients d’Horizon ont annulé leur rendez-vous ou ne s’y sont pas présentés; en avril, par contre, ce chiffre était de moitié, soit 7 %.  Alors qu’en janvier, 3,5 % des clients ont annulé leur rendez-vous en personne, seulement 0,33 % des clients ont annulé leur rendez-vous virtuel en avril, soit moins d’un dixième du pourcentage des clients ayant annulé leur rendez-vous en janvier.

Le Dr Faridi note que les rendez-vous virtuels éliminent les problèmes de transport et offrent aux clients une plus grande confidentialité.

LES PARENTS AIMENT LA COMMODITÉ

Photo d'un patient avec son père

Xavier, le fils de Roger Vincent, âgé de neuf ans, est en traitement pour le trouble oppositionnel depuis 2016. Xavier voit un conseiller chaque semaine. Il est maintenant très à l’aise avec la technologie, même s’il lui a fallu quelques séances avant de pouvoir se concentrer.  

« Le conseiller l’appelle en utilisant la plateforme Zoom; Xavier se rend alors dans sa chambre avec la tablette pour assister à une séance avec le conseiller », explique Roger. « Xavier a également eu une consultation en psychiatrie avec le Dr Faridi la semaine dernière. Nous l’avons fait à partir de chez nous et tout s’est bien déroulé. »

Avant la pandémie, Xavier voyait son conseiller chaque semaine à l’école. Ses rendez-vous en psychiatrie présentaient quelques difficultés. Roger devait quitter son travail, aller chercher Xavier, assister au rendez-vous, déposer Xavier à l’école et ensuite, retourner au travail – une épreuve qui pouvait durer deux heures ou plus. En tant que parent, Roger trouve la plateforme de soins virtuels extrêmement pratique. »

« Dans certaines circonstances, surtout dans le contexte actuel, il est extraordinaire d’avoir cette option en ligne avec Zoom », estime Roger. « Le résultat est tout à fait pareil qu’auparavant, moins les inconvénients. »

DES APPLICATIONS PLUS NOMBREUSES

Aussi nécessaires que soient les soins virtuels pendant la pandémie, l’équipe des Services de traitement des dépendances et de santé mentale croit qu’ils occuperont une place importante dans leur boîte à outils, même après la fin de cette crise, une opinion partagée par la plupart des praticiens et des clients.

Cette technologie offre d’innombrables applications. Compte tenu de la passion de Krisan Palmer pour l’amélioration de l’accès aux soins de santé pour les patients et les clients, elle travaillera sans relâche afin que cette technologie soit plus largement disponible dans de nombreuses disciplines de la santé.

Les services de réadaptation cardiaque et les cliniques de la fonction cardiaque y ont dorénavant accès et Krisan est en train de déployer cette technologie auprès de la Santé publique et des centres de santé communautaire d’Horizon. Les besoins des Services d’oncologie doivent être évalués sous peu.

Les cliniciens cette technologie pour des séances individuelles, des séances de groupe et des réunions d’équipe clinique. Les patients et les clients peuvent également envoyer des renseignements à leurs cliniciens en utilisant l’application virtuelle du Réseau de santé Horizon qu’ils peuvent télécharger sur Apple ou Google Play.

Krisan considère que les soins virtuels sont bien plus qu’un outil d’interaction en direct; ils permettent également de déplacer des données, comme celles stockées sur un stéthoscope électronique ou, à des fins de diagnostic, des images ou vidéos de blessures.

« Pour l’instant, nous mettons l’accent sur la rencontre virtuelle directe », déclare Krisan. « Au fur et à mesure que les gens se sentiront plus à l’aise et que leurs besoins seront cernés, nous pourrons intégrer des moyens de transférer ces données médicales de manière rapide, sûre et confidentielle. »

Bien que cette pandémie ait créé de nombreux défis pour le système de soins de santé, elle a été une source de motivation inattendue pour Horizon, l’incitant à expérimenter des technologies innovantes.

Pour Krisan Palmer, la technologie est valable uniquement dans la mesure où elle est utile aux personnes qu’elle sert. En tant qu’ancienne infirmière, Krisan porte toujours en elle la compassion qui l’a attirée vers sa profession. Rien n’est plus gratifiant pour elle que d’améliorer la vie des patients et des clients.

« Les besoins cliniques doivent orienter les technologies », souligne-t-elle. « Personne n’a le temps de s’occuper des solutions de contournement d’une technologie qui fait perdre du temps de soins aux patients. »