DES SOINS SANS PAREIL POUR UNE DAME ATTEINTE DE LA COVID-19

Une dame de Miramichi a vaincu la COVID-19 tout en aidant son mari à se remettre d’une chirurgie de remplacement de la hanche

Photo de Nick et Margaret Van Velzen

Nick et Margaret Van Velzen ont fait attention. Ils ont pris des précautions. Ils ont porté des gants. Ils se sont lavé les mains souvent. Ils ont fait tout ce qu’il fallait. Ils ont suivi les directives du gouvernement, et malgré tout, Margaret a contracté la COVID-19.

Le 18 mars dernier, Margaret, 72 ans, et Nick, 79 ans, ont pris la route en direction de Laval, au Québec, où Nick allait subir une chirurgie de remplacement de la hanche dans une clinique privée. C’était la veille de la déclaration de l’état d’urgence au Nouveau-Brunswick par le premier ministre Blaine Higgs.

Le couple avait décidé de répartir le trajet sur deux jours et d’arrêter passer la nuit dans un hôtel à Montmagny, au Québec.

« Nous sommes montés au resto-bar situé à l’étage et nous avons commandé une bière et une pizza, puis nous sommes retournés à notre chambre », explique Margaret. « Le matin suivant, nous avons repris la route vers Laval. »

Ils sont arrivés à destination le 19 mars, la veille de l’opération de Nick, et sont allés s’inscrire à la clinique, qui offrait aussi l’hébergement à Margaret.

« Durant tout le trajet, nous ne nous sommes arrêtés nulle part pour manger, puisque j’avais préparé une glacière pleine de collations », précise-t-elle.

Le 20 mars, le jour de l’opération de Nick, Margaret n’a pas quitté la clinique. La chirurgie s’est bien déroulée et ils ont pu entreprendre leur voyage de retour le 23 mars.

« Tout le long du voyage, nous avons fait très attention à nos moindres gestes », souligne Margaret.

RETOUR AU BERCAIL

Sur le chemin de retour, ils se sont arrêtés à Edmundston pour la nuit, et leurs autres arrêts se sont limités à des pauses pipi ou des arrêts pour l’essence.

« J’ai porté des gants pour faire le plein, j’ai tapé ma carte moi-même sur le terminal de paiement, je me suis tenue à l’écart et j’ai même lavé notre argent comptant. »

Ils sont rentrés à Miramichi le 24 mars. Le lendemain, le gouvernement provincial prenait la décision de fermer les frontières du Nouveau-Brunswick.

Avec la déclaration de l’état d’urgence et leur retour récent d’une autre province, Nick et Margaret savaient qu’ils devraient s’isoler pendant 14 jours à leur retour à la maison.

Durant leur absence, le frère de Margaret s’est occupé de leur demeure et de leurs deux caniches toys, Milo et Teko.

« Vu l’état d’urgence, je n’ai pas touché mon frère et je ne l’ai pas serré dans mes bras. Il avait déjà ramassé toutes ses affaires et était sorti de la maison à notre arrivée », ajoute-t-elle. « Nous ne sommes pas ressortis après ça parce que nous devions nous isoler. »

COMME SE FAIRE RENVERSER PAR UN CAMION

C’est dans la soirée du 25 mars que Margaret a commencé à éprouver des symptômes : des démangeaisons aux yeux et un mal de gorge.

« Quand je me suis réveillée le matin suivant, j’étais grippée pas à peu près », explique-t-elle. « C’est comme si je m’étais fait frapper par un camion. J’avais les symptômes de la grippe, mais à la puissance dix. »

Margaret était fatiguée, avait un mal de tête terrible, de la diarrhée et des frissons. Elle n’avait pas d’appétit, ne goûtait rien et avait un mauvais goût dans la bouche, en plus d’avoir une extinction de voix et de la difficulté à respirer.

« Ma respiration était misérable et quand j’essayais de parler, je ne faisais que tousser! », explique-t-elle. Malgré mon état, je devais continuer à aider Nick qui se remettait de son opération, alors je minimisais l’importance de mes symptômes. »

Margaret n’arrivait pas à prendre une grande inspiration. Elle n’avait pas de congestion à la poitrine, mais elle avait de la difficulté à respirer et un rien la faisait tousser.

« Je n’avais pas la respiration sifflante, mais chaque fois que j’essayais de remplir mes poumons d’air, je me mettais à tousser d’une toux très sèche », explique-t-elle.

DE MAL EN PIS

La difficulté qu’avait Margaret à respirer ne l’inquiétait pas vraiment, mais le vent a tourné lorsque sa tension artérielle a chuté.

« Elle est descendue très très bas et c’est là que j’ai eu peur », précise la dame. « Elle est descendue sous 100 et je savais très bien que ma vie pouvait être en danger si elle diminuait trop. J’étais terrifiée. »

Mais Margaret n’avait pas le temps de laisser la place à ses inquiétudes. Elle devait s’occuper de Nick qui se remettait de sa chirurgie.

« Je respirais mal, mais je pouvais encore respirer. Je faisais des exercices de respiration et je mettais une bouillotte ou un coussin chaud entre mes omoplates pour garder une chaleur sur mes poumons en tout temps. »

Quant au mal de tête, Margaret explique que c’était comme un mal de tête causé par une sinusite, mais en pire. Elle a décidé d’être autonome et de le soulager en appliquant du froid.

« Durant trois jours, j’ai passé mon temps avec une bouillotte sur le dos et de la glace sur le front », expose-t-elle.

Celle qui n’a pas l’habitude de prendre des médicaments pour un simple mal de tête a dû se résoudre malgré elle à avoir recours à cette forme de soulagement.

« J’ai pris un comprimé de Tylenol pour voir si ça m’aiderait, mais je n’ai senti aucune différence alors je n’en ai pas repris », laisse-t-elle tomber.

Après environ quatre jours, sa respiration a commencé à prendre du mieux.

APPEL À TÉLÉ-SOINS 811

Dans l’ensemble, toutefois, l’état de Margaret ne s’améliorait pas et ses proches étaient inquiets.

« Ma fille qui vit en Ontario a commencé à s’inquiéter à mon sujet, et ma sœur aussi », explique-t-elle. « Mais quand on est malade, on n’a pas envie de sortir de la maison pour aller où que ce soit. »

Le 2 avril, elle s’est résolue à appeler Télé-Soins 811. Le lendemain, on l’a rappelée pour lui indiquer de se rendre à son rendez-vous de dépistage au Centre d’évaluation de la COVID-19 situé à Miramichi.

Margaret s’est stationnée sous la tente installée dans le stationnement. Des membres du personnel du centre sont sortis, vêtus d’un équipement de protection individuelle (EPI) de la tête aux pieds.

« Je ne suis pas sortie de mon véhicule », précise-t-elle. « Je suis restée assise au volant pendant qu’ils ont fait le prélèvement. Ce n’était pas si pire que ça, au final. C’était très rapide. »

RÉSULTAT POSITIF

Le 5 avril, vers 20 h, Margaret a reçu un appel de la Santé publique : elle était atteinte de la COVID-19.

Étant donné qu’elle avait de la difficulté à respirer, on lui a recommandé de se rendre à l’Hôpital régional de Miramichi du Réseau de santé Horizon pour y subir une évaluation.

Mais elle en était incapable.

Nick était encore aux tous débuts de son rétablissement et il ne pouvait faire aucun effort physique sans son aide. De plus, il ne pouvait pas s’occuper de leurs deux chiens si tôt dans son rétablissement.

« Je ne suis pas du genre à me rendre à l’hôpital au moindre pépin. Je me reposais et je buvais beaucoup d’eau, puisqu’il n’y avait pas grand-chose d’autre que je pouvais faire », relate-t-elle. « Nick ne présentait aucun symptôme, à part la fatigue, mais cette dernière était surtout attribuable aux médicaments contre le mal qu’il prenait pour se remettre de sa chirurgie. »

RECHERCHE DE CONTACTS

Après avoir reçu les résultats de test de Margaret, l’équipe de la Santé publique s’est tout de suite mise à la recherche de contacts. Margaret et l’équipe ont donc dressé la liste de tous les arrêts qu’ils ont faits durant leur voyage.

« Les contacts le plus rapprochés que j’avais eus durant le voyage étaient avec les commis à la réception des hôtels où nous avions séjourné et avec la serveuse qui nous avait servi la pizza et la bière », précise-t-elle.

Margaret explique qu’au début, la Santé publique l’appelait deux fois par jour, puis quand elle s’est mise à aller mieux, elle recevait un appel par jour jusqu’à ce qu’on la déclare guérie le 22 avril.

Même s’il n’a jamais montré de symptômes, Nick a dû demeurer en isolement jusqu’au 4 mai en raison de son exposition à un cas confirmé.

Quiconque reçoit un diagnostic de COVID-19 ou est en contact étroit avec un cas confirmé de COVID-19 fait l’objet d’un suivi quotidien de la part de la Santé publique.

Durant l’isolement du couple, la sœur de Margaret leur a livré de l’épicerie et d’autres articles essentiels. De plus, Nick et Margaret savaient qu’il suffisait d’un appel à l’équipe de la Santé publique pour obtenir de l’aide.

« Les infirmières ici à Miramichi ont été tout simplement fantastiques. Je leur lève mon chapeau », ajoute-t-elle. « Nick et moi sommes très reconnaissants du soutien et des appels que nous avons reçus tous les jours. C’était formidable. »

Greg Sargent, directeur de la Santé publique et des soins de santé primaires dans la région de Miramichi, souligne qu’il était content et motivé de savoir que Margaret et Nick recevaient des soins exceptionnels de la part de l’équipe de la Santé publique, mais que ce n’était pas une surprise pour lui.

« À la Santé publique, la planification et la préparation en cas de pandémie font partie d’un processus qui est toujours en avant-plan. Nous étions prêts à affronter ce genre de situation depuis des années. »

Durant toute sa maladie, Margaret dit qu’elle n’a jamais senti le besoin de se rendre à l’hôpital.

« Si j’en étais venue au point de ne plus pouvoir respirer, je m’y serais rendue. Mais mon état ne s’est jamais aggravé à ce point », explique-t-elle. « J’ai seulement eu peur quand ma tension artérielle s’est effondrée. »

SORTIE D’ISOLEMENT

Margaret a indiqué qu’il lui a fallu près d’un mois et demi avant de remettre les pieds à l’épicerie et que l’expérience était plutôt particulière.

« Je serais horrifiée d’apprendre qu’une personne aurait contracté la maladie à cause de moi », indique-t-elle. « Je suis encore très inquiète par rapport au fait d’être en contact avec d’autres gens. Je limite mes sorties, je me couvre bien le visage et je porte des gants pour minimiser les risques. »

RECONNAISSANTE ENVERS LA PRESTATION DE SOINS EXCEPTIONNELS

Margaret et Nick s’entendent pour dire qu’avec les soins prodigués par les employés d’Horizon et de la Santé publique, ils se sont vraiment sentis entre bonnes mains.

Nick tient à mettre en évidence la qualité exceptionnelle des soins que lui et son épouse ont reçus durant toute l’expérience.

« Que ce soit l’infirmière du Programme extra-mural qui est venue chez nous pour enlever les agrafes de mon incision ou les autres employés d’Horizon et de la Santé publique à Miramichi, tout le monde a été remarquable à notre endroit », souligne Nick. « Nous sommes chanceux de vivre au Canada, et plus particulièrement au Nouveau‑Brunswick. »

Greg précise que les clients deviennent comme des membres de la famille élargie de l’équipe, voire de la famille de la Santé publique.

« J’ai vu des membres de notre équipe rire avec leurs clients et essayer d’ensoleiller leur journée pour chasser l’inquiétude causée par l’attente des résultats de tests. Mais par-dessus tout, j’ai vu des humains offrir du soutien et des conseils de la façon la plus professionnelle et la plus empathique qui soit », relate fièrement Greg. « L’équipe est formidable et je suis privilégié de travailler aux côtés de ses membres tous les jours. »

Photo d'une employée de la Santé publique

Greg souligne qu’il est également fier de la façon dont le Nouveau-Brunswick est intervenu à l’égard de la COVID-19.

« Quand on a d’une part, des plans et des processus bien conçus, et d’autre part, une équipe de professionnels dévoués, hautement qualifiés et prêts à faire tout ce qu’il faut pour surmonter les défis qui se présentent, on peut obtenir des résultats incroyables », soutient-il.

CONSEIL AMICAL

Nick et Margaret se sont rendus au Québec, ont pris toutes les mesures de précaution imaginables, et malgré tout, Margaret a quand même contracté le virus.

« Nous étions très méticuleux tout au long de notre séjour au Québec et j’ai quand même contracté la COVID-19 », relate la dame.

Cette dernière est fière de voir à quel point le Nouveau-Brunswick a fait un beau travail pour aplatir la courbe épidémique, mais consciente que la partie n’est pas gagnée.

« Je crois que c’est parce que les gens suivent les règles. Le Nouveau-Brunswick n’a pas recensé autant de cas que les autres provinces, mais il est important comme citoyens de continuer à suivre les règles établies pour que la tendance se maintienne. »