DES ANGES SANS VISAGE

Voyez comment la musique aide cet auteur-compositeur-interprète à se remettre de son opération au dos

Terry Whalen, de Miramichi, a été opéré d’urgence au dos pendant la pandémie de COVID-19. Il est sorti de l’hôpital avec une chanson dédiée aux professionnels médicaux qui l’ont bercé et transporté quand il n’y arrivait pas seul.

Le jour, Terry enseigne l’art à la Miramichi Valley High School, mais le soir, il est auteur‑compositeur‑interprète et chante le blues.

Son groupe, le Terry Whalen Band, a été nommé trois fois aux Prix de la musique de la Côte est pour l’enregistrement de blues de l’année et a remporté deux fois le Prix Musique NB pour l’enregistrement de blues de l’année.

Le 4 mai, après qu’une douleur insupportable au dos l’a rendu incapable de marcher, Terry a passé une IRM à l’Hôpital régional de Miramichi (HRM) du Réseau de santé Horizon. Une fois les résultats obtenus, il a immédiatement été envoyé à l’Hôpital régional de Saint John (HRSJ) du Réseau de santé Horizon pour y être opéré.

« Quand ils m’ont dit que j’allais à Saint John, il n’y avait aucune crainte, aucune surprise. Je n’avais pas le temps d’avoir peur », a déclaré Terry. « À ce moment-là, je voulais juste que la douleur disparaisse. J’étais donc prêt à aller de l’avant. »

Le lendemain matin, le Dr Edward Abraham, chirurgien orthopédique, est entré dans la chambre de Terry et lui a expliqué ce qui allait se passer pendant l’intervention chirurgicale d’urgence. Les objectifs de l’intervention chirurgicale étaient les suivants :

  • Atténuer la compression critique de la moelle épinière.  
  • Réaligner la colonne vertébrale pour rétablir l’alignement normal de la colonne lombaire.
  • Fusionner et stabiliser la colonne vertébrale dans la bonne position.

« Il n’était absolument pas en mesure d’attendre que les opérations électives soient de nouveau opérationnelles », a déclaré le Dr Abraham.

Le Dr Abraham exerce la médecine depuis 1988. Il est également professeur associé de chirurgie à l’Université Dalhousie, coprésident du Canada East Spine Centre et ancien président de la Société canadienne du rachis (2004 et 2005), ayant œuvré au sein de la société à un niveau administratif pendant plus de 20 ans. Il a également reçu le prix de mérite 2018 de l’Association canadienne d’orthopédie pour ses services de chirurgie de la colonne vertébrale, sa recherche et son enseignement.

« La compression de la moelle épinière qu’il éprouvait était assez extrême. Si elle n’était pas traitée, elle risquait d’aggraver son état neurologique et de ne pas permettre un résultat satisfaisant », a déclaré le Dr Abraham.

Une opération au dos peut être effrayante, mais Terry savait qu’il était entre de bonnes mains.

« Avant de me faire opérer, je me suis dit que tout le monde dans la pièce était un ange sans visage », a-t-il déclaré. « Puis je me souviens avoir pensé : « J’espère me souvenir de cette phrase pour écrire une chanson ». »

Quand il s’est réveillé, il a tout de suite pensé à cette phrase, et le reste de la chanson lui est venu spontanément.

« Quand je chante « Ces anges m’ont bercé et m’ont transporté quand seul je n’y arrivais pas », ils l’ont fait, ils l’ont fait pour moi », a-t-il dit.

Sur le dos, dans un lit d’hôpital, alors qu’il se remettait de son opération de la colonne vertébrale, Terry a tapé la chanson sur son téléphone.

« Le premier soir après mon intervention chirurgicale, j’avais le refrain en tête, alors j’ai commencé à travailler sur la structure de la chanson. Mon esprit était brumeux, mais je savais manifestement ce que je voulais dire », dit-il. « Les paroles de la chanson ont jailli de moi. »

Photo de Terry Whalen jouant de la musique avec des amis

Terry Whalen, au centre, en spectacle chez Saltwater Sounds, à Miramichi, en novembre 2018. Il est accompagné de son fils, Terry James, à la gauche, et de Steve Marriner, un multi-instrumentiste, chanteur, auteur-compositeur et producteur de Toronto.

PRÈS DE 25 ANS DE DOULEURS AU DOS

Terry souffrait régulièrement de maux de dos depuis près de 25 ans. Tout a commencé lorsqu’il jouait au hockey à l’âge de 26 ou 27 ans.

« Quelqu’un m’a fait un coup de pied par-derrière; j’ai atterri sur le dos, je me suis levé et j’ai continué à jouer », a-t-il dit. « De temps en temps, mon mal de dos revenait en force quand je faisais quelque chose pour l’aggraver, alors je me reposais et ça allait mieux ».

Sa dernière poussée de douleur, qui a abouti à son intervention chirurgicale du 5 mai, a commencé à la fin du mois de décembre lorsque le fils de Terry, Terry James, et sa petite amie ont emménagé dans leur nouvelle maison.

« Je soulevais des meubles, et bien sûr, je prenais le côté lourd – et le côté maladroit de tout », a-t-il déclaré. « J’avais tellement mal que j’ai manqué quelques jours d’école. Pendant quatre mois, la douleur ne s’est pas dissipée ».

Selon Terry, la douleur descendait le long de sa jambe droite. Il recevait des traitements de physiothérapie, d’acupuncture et de chaleur, mais rien ne lui apportait un réel soulagement.

JE NE PEUX PAS VIVRE COMME ÇA

Le 28 avril, la douleur était si intense que Terry a appelé une ambulance pour l’amener à l’HRM, car il ne savait pas comment sa femme, Donna, pourrait l’aider à monter et descendre de leur véhicule.

« La douleur était d’une intensité de plus de 10. Au fil des ans, je n’ai jamais ressenti de douleur aussi forte. Cela m’a fait tellement peur que j’ai appelé l’ambulance », a-t-il dit.

Comme cette situation s’est produite pendant la pandémie mondiale de COVID-19, Terry n’a pas reconnu le médecin du service d’urgence parce que ce dernier était vêtu d’un équipement de protection individuelle (ÉPI) complet.

On lui a administré des médicaments contre la douleur par voie intraveineuse, ce qui lui a finalement apporté un certain soulagement.

« Ils ont fait une radiographie, et ils n’ont rien vu », a-t-il dit. « Alors j’ai téléphoné à Donna pour qu’elle vienne me chercher. »

Terry était de retour à la maison, mais pas pour longtemps, car le 30 avril, la douleur était revenue.

Elle était si intense qu’il ne pouvait ni se tenir debout ni s’asseoir, et il pouvait à peine s’allonger. Il a donc appelé l’ambulance pour venir le chercher à nouveau.

« En attendant les ambulanciers, je suis monté sur le lit et j’ai pleuré comme un bébé. J’avais tellement mal, je ne pouvais pas le supporter », a‑t‑il dit. C’était atroce, et je me suis dit : « Je ne peux pas vivre comme ça. »

RECONNAISSANT POUR LES RESTRICTIONS RELATIVES AUX VISITEURS

Terry est arrivé aux urgences et a été admis à l’HRM en attendant de passer une IRM. Il a dit que la première nuit à l’hôpital a été difficile.

« Beaucoup de choses m’ont traversé l’esprit. Je supportais cette douleur depuis plus de 25 ans. J’avais fini par comprendre ses hauts et ses bas, mais là, c’était différent », dit-il. « Tout ce que je pouvais penser, c’était que j’avais un cancer de la colonne vertébrale, que j’allais mourir et que je ne reverrais plus jamais ma famille. »

Le lendemain, bien qu’il souffrait toujours, il était mieux mentalement, car il savait qu’une fois l’IRM effectuée, il saurait à quoi s’attendre.

Depuis la pandémie de COVID-19, les installations d’Horizon ont imposé des restrictions sur les visites strictes, ce qui, selon Terry, a été une véritable bénédiction.

« J’étais soulagé parce que ma famille n’avait pas à s’asseoir avec moi et je ne représentais donc aucun fardeau pour eux », a-t-il déclaré.

Sa famille ne serait pas d’accord, mais pour Terry, le fardeau qu’il représentait pour elle était une grande préoccupation. 

« C’était très difficile de ne pas être là pendant toute l’épreuve », a déclaré Donna. « Dans une pareille situation, il faut simplement céder le pouvoir de sa voix à une autre personne qui est souvent un étranger pour notre être cher, mais heureusement, cet étranger est ordinairement une infirmière ».

Photo de Terry et Donna Whalen

Terry et Donna Whalen chez eux, à Miramichi.

Selon Donna, lorsque Terry a été envoyé à Saint John, cela s’est passé si vite que personne n’a eu le temps de réfléchir.

« Une fois sur place, il a été accueilli par une équipe tellement bienveillante qu’il s’est senti immédiatement réconforté. Cela a rendu les choses plus faciles à supporter à la maison », a-t-elle déclaré. « Même si je ne pouvais pas être là, j’avais l’impression de n’être éloignée que par un coup de téléphone. Et pour cela, je suis vraiment reconnaissante au personnel. Nous nous estimons très chanceux d’avoir profité de tant d’expertise et de soins attentifs ».

En attendant l’IRM, Terry a dit qu’il connaissait sans doute beaucoup de membres du personnel qui entraient et sortaient de sa chambre, mais à cause de l’ÉPI, il ne voyait que leurs yeux.

« C’était tout simplement surréaliste, c’était comme si j’étais dans un univers alternatif », a-t-il dit. « On dit que les yeux sont la fenêtre de l’âme, et je l’ai vraiment ressenti. »

L’IRM a été réalisée le 4 mai, et nous connaissons la suite des choses.

RÉTABLISSEMENT

Le 6 mai, le lendemain de son opération, Terry a pu marcher – ce qu’il n’avait pas pu faire au moment de son admission à l’HRM le 30 avril.

Le 8 mai, Terry était de retour chez lui à Miramichi. La douleur dans son dos est désormais minime. Il suit les ordres du Dr Abraham et fait ses exercices de physiothérapie.

« Même le lendemain de mon intervention chirurgicale, je ne ressentais aucune douleur dans le dos, mais je continue à éprouver de la douleur sciatique », a-t-il déclaré. « Si je n’avais pas de douleur sciatique, je serais en train de danser, de faire une gigue. Mais chaque jour, la douleur s’améliore ».

Selon le Dr Abraham, la douleur sciatique pourrait persister, mais elle devrait s’améliorer d’au moins 90 %.

« Dans le cas des douleurs dorsales, une amélioration n’est pas toujours assurée, mais au bout de quatre à six mois après une intervention chirurgicale, la douleur peut être réduite d’environ 80 % comparativement à son intensité initiale », a-t-il déclaré.

Terry a déclaré qu’il pense que la vie met les gens à l’épreuve de temps en temps, mais cette épreuve en particulier est la plus importante qu’il ait jamais traversée.

« Je suis costaud, alors je travaille là-dessus en mangeant plus sainement », a-t-il déclaré. « Mais je ne passerai plus jamais par là. Jamais. Je change mon style de vie. »

Le Dr Abraham a déclaré que Terry est motivé et qu’il a jusqu’à présent coopéré au traitement postopératoire.

« M. Whalen a une grande perspicacité en ce qui concerne ses problèmes de colonne vertébrale et il se rend compte que pour un soulagement et un maintien à long terme, il doit se concentrer sur un programme de réhabilitation qui comprend une réduction de poids, une bonne condition physique, des exercices quotidiens et un changement général de style de vie », a déclaré le Dr Abraham. « Ses chances de se rétablir complètement et de pouvoir fonctionner tout à fait normalement sont de 90 % ».

Photo de Terry Whalen

Terry Whalen joue d’une guitare fabriquée avec une boîte à cigares devant Whalen’s Barn, une ancienne salle de spectacle convoitée de Miramichi, en 2015.

Selon Terry, le personnel hospitalier n’est pas suffisamment reconnu pour le travail qu’il accomplit en dehors d’une pandémie mondiale.

« Je suis tellement reconnaissant. Ils ne reçoivent pas assez de mérite pour tout ce qu’ils font », a-t-il déclaré. « J’espère donc qu’ils entendront ma chanson, parce qu’elle représente vraiment toute l’admiration que j’ai pour eux et mon appréciation pour les bons soins de santé que j’ai reçus. Ils ont été incroyables. Ils m’ont tellement bien traité. »