Nous aussi, nous voulons jouer : terrain de jeu accessible à Baie-Sainte-Anne

Nichée derrière l’École régionale de Baie-Sainte-Anne, une toute nouvelle aire de jeux est accessible non seulement aux élèves de l’école, mais aussi à l’ensemble de la collectivité de Baie-Sainte-Anne.

Terminée en 2015, l’Évaluation des besoins des collectivités en matière de santé (EBCS) de la région de Miramichi, dont fait partie Baie-Sainte-Anne, a déterminé que l’offre limitée d’activités récréatives pour les enfants et les jeunes dans la collectivité, particulièrement dans les secteurs périphériques, constituaient un besoin prioritaire à combler.

Peu après la réalisation de l’EBCS, Berthe Thériault, alors directrice par intérim de l’École régionale de Baie-Sainte-Anne, a mis sur pied un groupe de personnes partageant la même vision : l’aménagement d’un nouveau terrain de jeu communautaire sur le site de l’école.

Un comité composé de parents a été formé, et Sonia Strangemore, enseignante à l’École régionale de Baie-Sainte-Anne, s’est jointe au groupe à titre d’agente de liaison avec l’école.

« Notre idée était d’insuffler une certaine vitalité à la collectivité, un sentiment de fierté. Pour ce faire, nous voulions que ce parc soit ouvert à la collectivité, pas seulement réservé à l’école », précise-t-elle. « Nous voulions un endroit pour rassembler les gens. »

Quand les enseignants ont demandé aux élèves ce dont leur école avait besoin, ces derniers se sont montrés favorables à l’idée du parc.

« Je me suis demandé : “Pourquoi ne pas créer un nouveau parc?” », dit Morgan Doucet, une élève âgée de 14 ans.

L’ancien terrain de jeu de l’école était loin d’être idéal. Les installations étaient rouillées et aucune n’était accessible aux personnes en fauteuil roulant.

« Aucune installation n’était adaptée aux fauteuils roulants. Nous ne pouvions pas nous amuser sur aucune d’entre elles », affirme Morgan. « Tout ce que nous pouvions faire, c’était nous asseoir et regarder les autres. »

Morgan est atteinte de la maladie de Morquio, qui empêche le corps de décomposer les molécules de sucre. Pour cette raison, Morgan utilise un fauteuil roulant.

Sonia explique que le comité a élaboré un plan pour le parc, estimant le coût à 341 000 $, après quoi il s’est attelé à la collecte de fonds pour financer le projet.

« Nous avons une faible population dans cette région, mais nous avons fait notre possible pour recueillir des fonds. Nous avons lancé une course à l’as; quand enfin la cagnotte a commencé à grossir, quelqu’un l’a gagnée », raconte-t-elle. « Alors nous avons fait appel au syndicat local des pêcheurs. »

Le comité a envoyé une lettre à l’Union des pêcheurs des Maritimes, ainsi qu’une vidéo mettant en scène Morgan. Les membres du syndicat se sont réunis et 15 minutes après, Sonia a reçu un message : les pêcheurs avaient voté pour financer l’ensemble du projet.

Mathieu Doucette, représentant de l’Union des pêcheurs des Maritimes pour Baie-Sainte-Anne, explique que les membres du syndicat présents à la réunion ont voté à l’unanimité pour financer le projet de terrain de jeux dans son intégralité.

« Nous savons que les enfants ont besoin de sortir, qu’ils ont besoin d’un terrain de jeux, surtout les enfants en fauteuil roulant », déclare Mathieu.

« Nous nous sommes mis à pleurer, tellement nous étions extatiques. Et les enfants étaient extatiques », dit Sonia. « Sans l’Union des pêcheurs, nous aurions eu à continuer nos efforts de collecte de fonds pendant les 10 prochaines années. »

Selon Sonia, maintenant présidente du Comité du parc communautaire de Baie-Sainte-Anne, le problème va au-delà du nombre restreint d’activités récréatives dans la région; en effet, beaucoup de résidents de Baie-Sainte-Anne ont des problèmes d’accessibilité.

« Pour une petite population, nous comptons un grand nombre de personnes ayant des besoins physiques particuliers et des problèmes d’accessibilité », déclare Sonia. « Nos élèves nous disaient sans cesse qu’ils voulaient que tout le monde puisse jouer, et nous savions qu’il fallait faire quelque chose. »

Il était important que le terrain de jeu soit à la disposition de toute la collectivité, pas seulement des élèves pendant les heures d’école.

« Il n’y a aucun doute que ce sera un lieu de rassemblement. Nous prévoyons que les familles viendront au parc les fins de semaine, et l’utiliseront pour des événements communautaires », dit Sonia.

La phase 1 de la construction du nouveau terrain de jeu a été achevée à l’automne 2019. Des balançoires et toute une section d’installations de jeux sont maintenant accessibles. À la place de gravier, le sol est recouvert de copeaux de bois, ce qui permet aux fauteuils roulants de se déplacer plus facilement.

« Maintenant, mes amis et moi pouvons aller jouer ensemble. D’autres personnes en fauteuil roulant peuvent aussi y aller. »

Morgan Doucet

Sophie Durelle-Catalano, infirmière immatriculée et coordonnatrice du Centre de santé de Baie-Sainte-Anne d’Horizon, affirme que les enfants ayant des problèmes de mobilité profitent de pouvoir jouer sur un terrain de jeu accessible.

« Personne ne doit se sentir exclu; tout le monde peut être ensemble et jouer avec ses amis », déclare Sophie. « Une fois la phase 2 terminée, le terrain deviendra un véritable lieu de rassemblement pour toute la collectivité. »

La phase 2 du parc sera achevée en 2020; elle comprendra notamment l’aménagement d’une piste de marche accessible. Une fois la phase 2 achevée, la population sera invitée à participer encore à des collectes de fonds pour la construction de tables de pique-nique et d’un pavillon de jardin et, par la suite, pour l’éclairage.

Sophie affirme qu’en tant que membre du Comité consultatif communautaire ayant participé au processus de l’EBCS, elle est ravie de voir le projet de terrain de jeu prendre son envol.

« Les espaces de loisirs dans notre région étaient vraiment limités, mais maintenant la situation s’améliore», dit-elle. « C’est tellement important d’avoir un espace afin que les amis et les familles puissent se réunir. »

L’un des aspects les plus passionnants de ce projet est peut-être la sensibilisation des élèves aux questions d’accessibilité dans leur collectivité.

« Je fais partie d’un groupe d’amis à l’école qui aime agir ‑ nous aimons passer à l’action », souligne Morgan. « Nous avons remarqué certaines choses, mais nous n’avons pas encore commencé à y travailler. »