Soins de santé respectueux de tous les âges : Faites-vous preuve d’âgisme?

Par Melanie Bower, gestionnaire de la sensibilisation, de l’engagement et des communications, Soins en collaboration – Santé des aînés, Réseau de santé Horizon

Le présent article vise à sensibiliser la population à l’âgisme, aux manières dont il se manifeste et aux façons d’y remédier.

La proportion de personnes aînées dans la population du Nouveau-Brunswick augmente rapidement. Les citoyens âgés représentent actuellement 22,8 pour cent de notre population, et d’ici 2038, cette proportion pourrait dépasser les 30 pour cent. Les personnes aînées ont beaucoup à offrir en raison de leur expérience, de leurs connaissances et de leur sagesse, et leurs nombreuses contributions sont précieuses pour nos collectivités. Pourtant, dans notre société, les personnes aînées font l’objet d’une discrimination implicite qui mène à des iniquités dans notre système de santé, le système même sur lequel la population compte pour rester en santé.

Qu’est-ce que l’âgisme?

L’âgisme est un stéréotype, un préjugé ou une discrimination se fondant sur l’âge. Comme n’importe quel préjugé relatif à l’identité, l’âgisme est une forme d’injustice et limite les possibilités des personnes qui en sont victimes. Dans le fond, l’âgisme est l’acte de poser un jugement sur une personne en ne connaissant qu’une chose à son sujet, son âge, et ce jugement a des conséquences négatives sur la qualité de vie de cette personne, sa santé et l’économie.

L’âgisme est courant au Canada. Selon les recherches, au pays, une personne sur deux fait preuve d’âgisme tandis que six citoyens âgés sur dix disent avoir déjà été traités de façon injuste ou différente en raison de leur âge et huit citoyens âgés sur dix affirment qu’un professionnel de la santé a attribué leurs préoccupations en matière de santé au vieillissement. La majorité des Canadiens associent le vieillissement à des résultats négatifs comme la solitude et la perte d’autonomie, mais pourtant, comparativement à toutes les autres générations, les Canadiens plus âgés sont plus portés à dire que « l’âge, c’est juste un chiffre ». En fait, 40 pour cent des personnes de 66 ans et plus croient que « le meilleur reste à venir ».

Soins de santé

Nous contribuons tous à l’âgisme sans le vouloir. Il n’est pas rare que l’âge d’une personne, plutôt que son état de santé global, influence les décisions d’ordre médical prises en ce qui a trait aux tests de diagnostic ou des traitements. Nombreux sont les médecins et les personnes aînées qui croient à tort que la douleur, la fatigue, la dépression et la dépendance font partie du processus normal de vieillissement. Les personnes aînées sont moins portées à chercher à obtenir des soins de santé, et lorsqu’elles le font, elles risquent de ne pas recevoir tous les traitements possibles. De plus, des études montrent que les fournisseurs de soins de santé communiquent différemment avec leurs patients âgés et peuvent se montrer moins patients, se montrer moins engagés et leur fournir moins d’information. Par conséquent, des problèmes de santé traitables comme des douleurs chroniques ou l’arthrite sont souvent relégués à la liste des signes de vieillesse, sans plus.

Prendre des mesures

Même si l’âgisme est répandu, certains signes de changement commencent à voir le jour, et en unissant nos efforts, nous pouvons réduire sa prévalence dans notre société. Partout au Canada, des hôpitaux mettent en œuvre le cadre Senior Friendly Care (sfCare) Framework, qui met l’accent sur des démarches holistiques et sur les points qui comptent vraiment pour la personne aînée, qui mérite la même dignité et le même respect que toute autre personne. En changeant la façon dont ils communiquent avec les personnes aînées, les professionnels de la santé permettront à ces derniers d’avoir une meilleure confiance en leurs moyens et leurs compétences pour prendre leur santé et leur mieux-être en main. La sensibilisation et l’éducation sont des outils efficaces à cet égard. Les trucs suivants pourraient vous aider à contrer l’âgisme :

  • Renseignez-vous au sujet de l’âgisme et reconnaissez-le. Voyez si vous pouvez suivre une formation pour vous aider à vous débarrasser de vos présomptions et vous sensibiliser davantage aux moyens de répondre adéquatement au processus de vieillissement.
  • Portez attention aux mots que vous employez. Certains termes et certaines démarches de communication sont associés à des stéréotypes négatifs au sujet des personnes aînées et peuvent même renforcer les stéréotypes et la discrimination. Les termes que nous employons et les histoires que nous racontons peuvent avoir des effets sur la réduction de l’âgisme. Au lieu d’employer des termes comme « vieux », « vieillard » ou « personne à charge âgée », il est préférable d’opter pour « personne âgée », « citoyen âgé » ou « personne aînée ».
  • Communiquez directement avec la personne aînée, même lorsqu’elle est accompagnée d’une personne de soutien durant son rendez-vous médical. L’une des manifestations les plus courantes de l’âgisme consiste dans le fait de communiquer directement avec la personne de soutien d’une personne aînée, même si cette dernière est parfaitement lucide. Ce comportement peut mener une personne aînée à se désengager de sa santé et de son hygiène de vie, avoir des conséquences négatives sur son estime d’elle-même et sur sa dignité, et dans certains cas, la priver de son autonomie et de ses droits élémentaires. Prenez le temps de remédier à un trouble de l’audition chez un patient en parlant plus lentement et en lui faisant face quand vous parlez. Il peut être très pratique pour les personnes aînées de recevoir de l’information par écrit qui résume les principaux points dont il a été question durant leur visite. Veillez à ce que ces notes soient simples et claires et évitez les tournures ambiguës et les termes compliqués.
  • Veillez à ce que votre communication et les soins que vous prodiguez soient axés sur le patient. Écoutez activement et évitez de penser que vous savez déjà ce que la personne veut vous dire. Écoutez avec une oreille empathique. Essayez de vous mettre à la place du patient pour comprendre son point de vue. Essayez de trouver un terrain d’entente. Il est facile d’oublier que les citoyens âgés ont déjà été jeunes eux aussi et qu’ils ont vécu des expériences semblables aux vôtres. Prenez le temps de réfléchir à ce que vous entendez.
  • L’infantilisation de la communication à l’égard des personnes aînées doit être évitée chez tous les membres du personnel. Ce comportement consiste à employer un langage enfantin pour parler aux personnes aînées, et particulièrement ceux qui vivent avec la maladie d’Alzheimer ou avec une autre forme de démence, à parler lentement, à utiliser un ton plus aigu, à employer des termes d’affection déplacés et à parler à un adulte comme s’il était un bébé ou un jeune enfant. Les recherches indiquent que l’infantilisation de la communication peut amener une personne aînée à se sentir incompétente, à avoir une moins bonne estime d’elle-même, à se sentir plus déprimée et à s’isoler.

Ressources

Pour en savoir plus sur l’âgisme et prendre connaissance de mesures que vous pouvez prendre pour réduire l’âgisme dans votre milieu de soins de santé, veuillez consulter les ressources suivantes :