Mise en œuvre au Nouveau-Brunswick d’un programme unique permettant aux pharmaciens des hôpitaux de prescrire le Paxlovid aux patients atteints de la COVID-19

Par Doug Doucette, directeur régional des Services de pharmacie d’Horizon, et la Dre Susan Brien, vice-présidente aux affaires médicales, universitaires et de la recherche

Quand le gouvernement fédéral a annoncé en janvier 2022 que le Paxlovid, un médicament antiviral, serait disponible pour les personnes qui présentaient des symptômes de COVID-19 allant de légers à modérés, il s’agissait d’une excellente nouvelle pour le traitement de la COVID-19. Ce nouveau médicament allait empêcher les symptômes de COVID-19 d’empirer et réduire le nombre de cas nécessitant une hospitalisation.

Chaque province au pays a reçu la directive d’élaborer un programme pour distribuer ce médicament à la population en fonction des critères établis par le gouvernement fédéral, c’est-à-dire aux personnes de 60 ans et plus et aux personnes immunodéprimées.

Le Paxlovid peut seulement être prescrit aux gens qui ont reçu un résultat positif confirmé à un test par PCR et dont les symptômes ne sont pas apparus il y a plus de cinq jours. En raison de ces critères, il fallait faire vite pour veiller à ce que les Néo-Brunswickois qui seraient admissibles à ce médicament le reçoivent à temps. De plus, la distribution du Paxlovid nécessitait une surveillance médicale et pharmaceutique accrue puisque ce médicament est connu pour ses interactions médicamenteuses avec de nombreux autres médicaments.

Au Nouveau-Brunswick, nous avons décidé de faire les choses à notre manière en mettant en place un système dans le cadre duquel les pharmaciens des hôpitaux du Réseau de santé Horizon et du Réseau de santé Vitalité seraient les fournisseurs de soins de santé primaires qui prescriraient eux-mêmes le Paxlovid directement aux patients. En raison du court délai d’exécution et du risque important d’interactions médicamenteuses, les prescripteurs les plus qualifiés ont été choisis pour accomplir cette mission.

Pour y arriver, les pharmaciens d’hôpital ont reçu l’aide du ministère de la Santé, de la Santé publique, de médecins et de pharmaciens de la collectivité, ainsi qu’un coup de main de Service Nouveau-Brunswick afin de créer l’infrastructure technologique nécessaire pour le processus. Nous avons mis sur pied une clinique virtuelle réunissant initialement 15 pharmaciens d’hôpital (huit d’Horizon et sept de Vitalité) pour ce projet spécial à raison de deux ou trois pharmaciens en poste chaque quart de jour.

La clinique fonctionne ainsi : les recommandations proviennent de la Santé publique, du Programme extra-mural et des foyers de soins de longue durée une fois qu’un résultat positif à un test par PCR est confirmé et que le patient accepte de faire l’objet d’une évaluation approfondie pour se faire prescrire du Paxlovid. Un pharmacien d’hôpital de la clinique virtuelle communique avec le patient pour évaluer ses symptômes de COVID-19, ses problèmes de santé et les médicaments qu’il prend. S’il est déterminé que le Paxlovid est sûr et approprié, un pharmacien d’hôpital offre une ordonnance au patient.

Les pharmaciens des hôpitaux ont reçu l’appui d’un groupe de médecins spécialistes de garde issus des deux réseaux de santé pouvant offrir des consultations au besoin.

Quand un patient consent à recevoir le Paxlovid, le pharmacien d’Hôpital envoie l’ordonnance à l’une des pharmacies communautaires désignées de la province où le médicament est préparé et remis au patient.

Des 950 recommandations envoyées à la clinique virtuelle, seulement 320 patients (soit le tiers) ont bel et bien reçu une ordonnance après avoir été évalués par un pharmacien d’hôpital. Parmi les motifs courants pour lesquels une ordonnance n’a pas été délivrée, notons le potentiel élevé qu’une réaction négative se produise si le Paxlovid était pris avec un autre médicament que prend régulièrement le patient; le fait que le patient n’avait pas une bonne fonction rénale ou ne pouvait pas avaler de médicaments; le fait que les symptômes du patient s’amélioraient depuis le test par PCR de dépistage de la COVID-19 ou le fait que le patient avait refusé de prendre des médicaments.

Ce programme unique est en fonction sept jours par semaine et toutes les recommandations ont jusqu’à présent été traitées dans les 24 heures suivant leur réception.

Le Nouveau-Brunswick a été l’une des premières provinces à prescrire le Paxlovid, soit dès la dernière semaine de janvier dernier. Jusqu’au mois d’avril, la province disposait du seul programme permettant aux pharmaciens d’hôpital de tenir des consultations et de prescrire le médicament à l’extérieur d’un hôpital.

Le succès de ce programme reposait sur le lien solide qui unit les pharmaciens d’hôpital et les médecins lorsqu’ils travaillent ensemble pour veiller à ce que leurs patients reçoivent des soins sûrs et de qualité. De plus, le programme constituait en quelque sorte un témoignage de la coordination ayant lieu à l’échelle du système de santé, y compris avec le ministère de la Santé, pour garantir la distribution rapide du Paxlovid aux patients qui en avaient besoin.

En date du 11 avril, le ministère de la Santé a élargi le programme afin de permettre aux fournisseurs de soins de santé primaires de prescrire du Paxlovid à leurs patients. La clinique virtuelle des pharmaciens d’hôpital continue d’offrir ses services aux collectivités des Premières Nations, au Programme extra-mural, aux foyers de soins et foyers de soins spéciaux ainsi qu’aux patients qui n’ont pas de fournisseur de soins de santé primaires.