Méthamphétamine : réactions effrayantes et dérangeantes aux urgences février 9, 2020 April Shea, infirmière immatriculée, Unité de soins psychiatriques pour patients hospitalisés; infirmière psychiatrique, Service d’urgence; infirmière examinatrice en cas d’agression sexuelle, Hôpital régional Dr Everett Chalmers du Réseau de santé Horizon Il y a neuf ans, j’ai entamé ma carrière en soins infirmiers en acceptant un poste en psychiatrie à l’Hôpital régional Dr Everett Chalmers du Réseau de santé Horizon. Je savais dès lors que mon parcours professionnel en soins infirmiers allait être bien différent des autres. Les soins infirmiers spécialisés en santé mentale offrent leur propre lot de défis uniques. L’équipe doit parfois prendre soin de patients qui sont incapables de reconnaître qu’ils ont un problème de santé et qui refusent donc toute aide que nous leur offrons. Dans d’autres situations, elle se heurte à l’hostilité et à l’agression de certains patients. À titre d’infirmières en santé mentale, nous apprenons à faire face à ces comportements difficiles afin d’offrir aux patients des soins prodigués avec compassion et en toute dignité. Bien souvent, nous avons la chance de voir nos patients faire des progrès vers leur rétablissement. Toutes les infirmières en santé mentale le savent : le cheminement vers le rétablissement n’est pas toujours linéaire. Nous célébrons donc chaque petit pas vers l’avant. Nous sommes également fières d’être là pour appuyer nos patients lorsqu’ils font quelques pas en arrière dans leur cheminement. En général, j’ai toujours eu le sentiment de pouvoir aider et appuyer mes patients et leur famille, peu importe les circonstances. Au cours des dernières années, j’ai remarqué un changement chez les patients dont nous prenons soin. Nous avons observé une augmentation du nombre de patients présentant des symptômes liés à l’usage de la méthamphétamine en cristaux, mieux connu sous le nom de « crystal meth ». Ces patients se présentent souvent au service d’urgence dans toutes sortes d’états : hallucinations, paranoïa, hyperactivité, manque de sommeil, agitation et agressivité. Comme infirmières en santé mentale, nous avons reçu la formation nécessaire à la gestion de ces symptômes, mais depuis quelque temps, nous les voyons de plus en plus souvent. Autrement dit, nous soignons plus de patients qui présentent ces symptômes et ces symptômes sont plus graves qu’auparavant. Il arrive que les médicaments que nous utilisons habituellement pour traiter ces symptômes soient inefficaces et offrent peu de soulagement. Parfois, tout ce que nous pouvons faire pour aider ces patients, c’est de leur offrir un espace sécuritaire jusqu’à ce que les effets de la méthamphétamine se dissipent. Malheureusement, puisque les effets de la méthamphétamine sont si intenses, fournir au patient un espace sécuritaire peut également devenir un défi. Par exemple, un patient qui présente un symptôme de paranoïa peut devenir si craintif qu’il deviendra agressif. Ce comportement pourrait nous forcer à avoir recours à la contention, à l’isolement ou à l’intervention de gardiens de sécurité ou de policiers afin d’assurer la sécurité du patient, du personnel et de la collectivité. Ce genre de situation peut être très troublante ou même traumatisante pour toutes les personnes concernées. La plupart du temps, le patient n’est pas en mesure de comprendre que dans cette situation, ce qui lui arrive a pour but de protéger sa sécurité. Les membres du personnel sont devenus plus craintifs pour leur propre sécurité puisque les comportements agressifs chez ces patients sont plus intenses que ceux auxquels ils sont habitués de faire face. Quant aux autres patients et aux visiteurs, ils pourraient trouver l’expérience très effrayante et dérangeante. Au Service d’urgence, il m’est arrivé à plusieurs reprises d’observer des familles, accompagnant leur enfant malade ou un proche mourant, devoir composer avec les hurlements constants d’une personne sous l’influence de la méthamphétamine se trouvant dans la salle d’à côté. Les visiteurs et les patients qui vivent cette expérience s’interrogent souvent à savoir ce qui se passe et s’inquiètent pour leur sécurité et celle de leur proche. Dans ces situations, nous nous efforçons de les rassurer au sujet de leur sécurité. Il ne s’agit là que d’un aperçu des nombreux effets que l’usage de la méthamphétamine a sur nos patients et sur la collectivité et dont je suis témoin au travail. J’ai de la difficulté à trouver les mots pour décrire ma profonde inquiétude par rapport à l’augmentation de l’usage de la méthamphétamine et à ses effets sur notre collectivité. J’espère qu’en sensibilisant davantage la population, nous serons collectivement en mesure de lutter contre ce problème. Voici d’autres renseignements sur la méthamphétamine et sur les endroits où obtenir de l’aide au Nouveau-Brunswick. April Shea est infirmière immatriculée au Réseau de santé Horizon. Au cours des dix dernières années, elle a travaillé comme infirmière de chevet à l’Unité de soins psychiatriques pour patients hospitalisés et comme infirmière en soins psychiatriques d’urgence. Elle a suivi une formation d’infirmière examinatrice en cas d’agression sexuelle. April est actuellement l’infirmière clinicienne principale de l’Unité de soins psychiatriques pour patients hospitalisés à l’Hôpital régional Dr Everett Chalmers de Fredericton.