Comprendre l’obésité : Les répercussions de la discrimination et des préjugés liés au poids

Amy Webb est une stagiaire en psychologie au Centre de réadaptation Stan Cassidy du Réseau de santé Horizon, à Fredericton.

« Dans notre société, on voit l’obésité comme un défaut de personnalité ou de comportement ». – Mary Forhan, docteure en réadaptation

Obesity is an oversimplified and stigmatized topic. We live in a society obsessed with weight. In North America, people spend billions of dollars L’obésité est un sujet banalisé et stigmatisé. Nous vivons dans une société obsédée par le poids. La preuve : en Amérique du Nord, les gens dépensent des milliards de dollars tous les ans sur des solutions devant leur permettre de rester minces ou de perdre du poids. Malheureusement, cette obsession est accompagnée de problèmes omniprésents comme les préjugés, la stigmatisation et la discrimination liés au poids.

Préjugés liés au poids : Nos attitudes personnelles à l’égard du poids

Stigmatisation liée au poids : Les stéréotypes ancrés dans la société au sujet du poids

Discrimination à l’égard du poids : Prendre appui sur la discrimination ou les préjugés liés au poids pour traiter les personnes en surpoids ou obèses de façon injuste

Préjugés intériorisés liés au poids : Quand les personnes qui ont un surplus de poids ou sont obèses souscrivent aux stéréotypes négatifs qui sont véhiculés à l’égard de leur corps

Les préjugés liés au poids sont souvent considérés comme l’une des dernières formes de préjugé et de discrimination généralement acceptée dans la société. Les préjugés liés au poids englobent toute une gamme d’attitudes discriminatoires et néfastes à l’égard du poids (p. ex. comme quoi les personnes qui ont un surplus de poids « sont lâches », « manquent de motivation » ou « se sont ramassées comme ça par leur faute »), des propos qui sont véhiculés par le public, les médias, la famille, les amis et même les travailleurs de la santé.

Photo source: Obesity Canada

Malheureusement, les recherches montrent que les travailleurs de la santé sont grandement coupables de stigmatisation associée au poids. Bien entendu, les travailleurs de la santé se soucient du bien-être de leurs patients et se font un devoir de leur fournir des soins de qualité. Toutefois, comme le reste de la société, les travailleurs de la santé ne sont pas à l’abri des attitudes sociétales à l’égard du poids et de l’obésité. En fait, quelque 64 % des adultes en surpoids signalent avoir fait l’objet de préjugés liés au poids de la part d’un travailleur de la santé.

Dans les soins de santé, la stigmatisation liée au poids peut se manifester par l’attribution de problèmes de santé graves à un surplus de poids, au risque d’ignorer d’autres causes possibles, ou encore par la transmission de messages simplistes, comme « les personnes obèses mangent trop et ne bougent pas assez ».

Les recherches montrent que certains travailleurs de la santé voient les personnes en surpoids comme des personnes qui manquent de maîtrise de soi et de rigueur, sont moins propres, sont moins accomplies, sont négligées, ne sont pas bonnes à marier et ne sont pas en bonne santé, simplement parce que leur poids est plus élevé. Les travailleurs de la santé surestiment la mesure dans laquelle une personne peut contrôler son poids et choisissent d’attribuer un surplus de poids à un manque de discipline.

Les conséquences de la discrimination et des préjugés liés au poids sont néfastes. En santé, les préjugés liés au poids nuisent à l’engagement du patient parce que ce dernier perçoit des obstacles à l’accès aux soins de santé. Ces obstacles sont variés : il se peut que les patients s’attendent à être traités différemment, aient une faible estime d’eux-mêmes, communiquent mal avec leur fournisseur de soins de santé, évitent de demander des soins de santé ou retardent le moment de demander des soins, ou bien qu’ils se mettent à se « magasiner un fournisseur de soins ». Ces obstacles peuvent aussi diminuer la qualité des soins que reçoivent les patients et faire en sorte que l’approche utilisée dans la prestation de soins à leur égard sera moins axée sur le patient.

Les préjugés liés au poids peuvent aussi grandement affecter la santé mentale et physique d’une personne en entraînant une hausse des taux d’obésité, de dépression, d’anxiété, de problèmes d’estime de soi et de troubles de l’alimentation. Ces préjugés contribuent également à une diminution de la qualité de vie des personnes touchées et, dans l’ensemble, nuire à leur motivation et à leur plaisir à faire de l’activité physique.

Il est temps de changer notre façon de penser par rapport à l’obésité

Photo source: Obesity Canada

Depuis octobre 2015, l’Association médicale canadienne reconnaît l’obésité comme une maladie chronique. On la définit comme « une maladie chronique complexe, progressive et récidivante qui se caractérise par une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle qui affecte la santé ».

De nombreuses personnes croient que l’obésité peut se gérer en mangeant moins et en bougeant plus, mais ce n’est pas si simple que ça. Plus de 300 facteurs génétiques, physiologiques, psychologiques, sociaux et environnementaux contribuent à l’obésité et bon nombre d’entre eux sont indépendants de la volonté des personnes touchées. Selon les données, le risque qu’une personne devienne obèse au cours de sa vie dépend à 70 % de son bagage génétique.

Pour passer en revue un excellent résumé des facteurs génétiques qui contribuent à l’obésité, les connexions entre l’obésité et le cerveau et les traitements possibles pour traiter ce problème de santé, visitez le www.MacklinMethod.com (en anglais seulement).

Comment faire pour réduire la discrimination et les préjugés liés au poids?

  1. Voyez l’obésité pour ce qu’elle est : une maladie chronique. Voilà l’un des meilleurs outils pour réduire ou éliminer la discrimination et les préjugés liés au poids.
  2. Faites preuve d’empathie et de compréhension. Il est important de comprendre que l’obésité est une maladie complexe et que les personnes qui vivent avec cette maladie n’ont pas choisi leur situation. Il faut également garder en tête que les interventions et démarches simplistes du type « mangez moins, bougez plus » sont ni suffisantes ni efficaces.
  3. Prenez le temps de réfléchir à vos propres préjugés liés au poids et évitez les suppositions. L’introspection est essentielle pour nous aider à comprendre les préjugés et les croyances que nous avons peut-être sans même le savoir.
  4. Faites attention aux mots que vous employez et aux messages que vous véhiculez. Demandez à la personne avec qui vous parlez quel terme elle préfère (p. ex. obèse, grosse, taille forte) et employez des termes qui mettent l’accent sur la personne plutôt que sur ses problèmes de santé (p. ex. « personnes qui vivent avec l’obésité » au lieu de « personnes obèses »). Le poids n’est ni un comportement ni un indicateur de l’état de santé d’une personne. Il est important de faire la distinction entre les personnes qui ont reçu un diagnostic d’obésité et les personnes qui ont un poids corporel plus élevé sans pour autant être « atteintes d’obésité ».
  5. Portez-vous à la défense des personnes qui vivent avec l’obésité. Dénoncez les commentaires, les farces et les conversations grossophobes ou discriminatoires. Si vous remarquez des lieux discriminatoires ou des gens qui font des commentaires déplacés, dénoncez-les. Faites-vous la voix des patients, utilisez une démarche axée sur le patient et appuyez les actions politiques en leur faveur.
  6. Participez à la création d’environnements de soins de santé accueillants et favorables. Dans ce cas, il faut prendre des mesures avant l’arrivée du patient. Évitez de mettre à la vue des magazines ou des images faisant la promotion d’un idéal de minceur ou de façons de perdre du poids. Affichez plutôt des documents neutres montrant des gens ordinaires qui adoptent des comportements sains. Assurez-vous que les fournitures, les outils et les meubles conviennent à tous les corps et sont confortables (p. ex. vous assurer d’avoir des jaquettes, des brassards de mesure de la tension artérielle, des chaises dans la salle d’attente et des tables d’examen pour les personnes de toutes les tailles, veiller à ce que les pesées soient placées à l’abri des regards et que les données recueillies ne soient pas partagées). Si un professionnel de la santé doit quitter la salle où se trouve le patient pour aller chercher un plus grand brassard de mesure de la tension artérielle, par exemple, le patient pourrait se sentir humilié et la situation ne ferait que perpétuer les préjugés liés au poids.

If it is your professionSi votre rôle professionnel consiste à discuter de poids et d’obésité avec vos patients :

  1. Demandez-leur d’abord la permission de parler de poids avec eux.
  2. Servez-vous des Lignes directrices canadiennes de pratique clinique pour l’obésité chez l’adulte.