UN BRAVE PETIT GARÇON

À L’Hôpital de Moncton du Réseau de santé Horizon, des soins compatissants offerts à un enfant ayant subi une blessure grave ont aidé sa famille à composer avec la situation

Tout parent sait qu’un accident, ça arrive. Une chute par-ci, une égratignure par-là et parfois même un os cassé.

Ce à quoi les parents ne s’attendent pas, c’est un accident qui entraîne trois chirurgies et des semaines à l’hôpital; le tout durant une pandémie mondiale.

EN ROUTE VERS L’HÔPITAL

À leur domicile de Petitcodiac, le petit Nathan Lewis, cinq ans, et son frère jumeau, Nicholas, s’en allaient dehors construire un fort lorsque le malheur a frappé.

Les deux garçons actifs étaient dans le garage quand tout d’un coup, la curiosité s’est emparée d’eux. Nathan a mis en marche la scie à ruban de son père et par accident s’est coupé presque entièrement le pouce. Son pouce ne tenait que par un petit bout de peau.

La maman de Nathan, Cyndy, qui était à Moncton pour acheter un nouvel ensemble laveuse et sécheuse, a reçu l’appel qu’aucun parent ne souhaite recevoir. Son fils était dans une ambulance, en route vers l’hôpital. Elle devait se rendre à l’hôpital, et ce, très rapidement.

Cyndy s’est tout de suite dirigée vers l’hôpital, arrivant même avant l’ambulance. Elle ne savait pas quoi faire d’elle-même. Elle avait tant de questions. L’incertitude la rongeait.

« Je suis entrée dans l’hôpital. Je ne savais pas trop à quoi m’attendre en raison de la pandémie de COVID-19 », se rappelle Cyndy. « En fait, je ne savais même pas si j’allais pouvoir entrer dans l’hôpital. C’est ce dont j’avais le plus peur. »

Dès son arrivée à l’urgence, elle a été accueillie par une infirmière de triage. Cyndy s’est effondrée en larmes et a essayé d’expliquer pourquoi elle était là. Après avoir été soumise au dépistage des symptômes de la COVID-19, Cyndy a été conduite à la salle de traumatologie, qui était prête à l’arrivée de Nathan.

Dans le chaos et la peur, le personnel du Service d’urgence de L’Hôpital de Moncton du Réseau de santé Horizon a su faire preuve de gentillesse et de compassion à l’endroit de Cyndy. Les membres du personnel ont bien pris soin d’elle. Ils lui ont apporté de l’eau et des compresses d’eau froide pour qu’elle soit prête à prendre soin de Nathan à son arrivée.

Photo - Étant donné les restrictions relatives aux visiteurs mises en place en raison de la pandémie de COVID-19, les frères et sœurs de Nathan ont dû faire preuve de créativité pour lui rendre visite. Ils sont souvent venus visiter Nathan à sa fenêtre durant son séjour à l'hôpital.

Étant donné les restrictions relatives aux visiteurs mises en place en raison de la pandémie de COVID-19, les frères et sœurs de Nathan ont dû faire preuve de créativité pour lui rendre visite. Ils sont souvent venus visiter Nathan à sa fenêtre durant son séjour à l’hôpital.

UNE PREMIÈRE CHIRURGIE

Une fois Nathan arrivé, l’équipe de soins de santé du Service d’urgence s’est mise au travail.

Le Dr Brent Howley, chirurgien plastique et cosmétique, a expliqué aux parents de Nathan tous les résultats auxquels ils pouvaient s’attendre. Il les a avisés que Nathan devait être opéré.

Une heure après son arrivée à LHM, Nathan était en salle d’opération et ses parents attendaient impatiemment qu’il en sorte.

Le Dr Jayson Dool, chirurgien plastique, a été appelé à intervenir pour la chirurgie.

Quoi qu’il en soit, les membres de la famille de Nathan ont senti qu’ils faisaient partie de l’équipe à part entière. Ils étaient tenus au courant des développements au fur et à mesure.

« On nous a dit que le Dr Dool est excellent dans le domaine des microattaches (chirurgie microvasculaire), nous nous sentions donc en confiance », explique Cyndy.

La chirurgie microvasculaire sert à rattacher au corps les doigts, les mains, les bras et tout autre membre du corps amputé. Elle est effectuée en reconnectant les petits vaisseaux sanguins avant que les cellules des tissus endommagés ne commencent à mourir. 

Après une heure éprouvante à faire les cent pas, on a dirigé les membres de la famille vers une chambre d’hôpital où ils pourraient attendre confortablement l’arrivée de Nathan. C’est là que Cyndy a rencontré Shannon Kolanko, une infirmière immatriculée.

Cyndy explique que la simple présence de Shannon auprès de sa famille lui a enlevé un énorme poids de sur les épaules. Shannon appelait la salle d’opération pour vérifier où en était la chirurgie, sans même qu’on le lui demande, et faisait en sorte que toute la famille se sente à l’aise.

« On ne m’a jamais fait sentir comme si je dérangeais qui que ce soit ou que j’étais exigeante », souligne Cyndy. « La chirurgie a duré dix heures. Shannon nous a tenus au courant du déroulement durant toute l’intervention. »

Après dix longues heures, le Dr Howley est venu voir Cyndy pour lui dire que le pouce de Nathan avait été rattaché, mais que malgré le succès initial de la chirurgie, il y avait quand même une chance sur deux que Nathan perde son pouce. Les vaisseaux sanguins sont extrêmement petits et il suffit d’un petit caillot dans un de ces petits vaisseaux pour que les cellules du pouce rattaché meurent. 

« Je ne pouvais pas croire qu’ils avaient passé autant de temps sur un si petit pouce », se rappelle Cyndy. « Ils ont essayé tout ce qu’il fallait pour sauver le pouce de Nathan, notamment en greffant une veine prélevée de sa jambe. C’est comme s’ils avaient essayé de réimplanter un cheveu. »

Photo - Nathan, dans sa chambre d'hôpital, entouré de nombreux ensembles de blocs Lego qu'il a assemblé pendant son long séjour.

Nathan, dans sa chambre d’hôpital, entouré de nombreux ensembles de blocs Lego qu’il a assemblé pendant son long séjour.

SANGSUES, CHIRURGIE ET D’AUTRES CHIRURGIES

À la suite de sa première chirurgie, Nathan allait devoir faire face à un long parcours semé d’embûches, soit deux autres chirurgies, de la thérapie par les sangsues, beaucoup de physiothérapie, des broches et un plâtre.

« La première chirurgie que devait subir Nathan était une réimplantation microvasculaire du pouce », explique le Dr Dool. « Cette intervention a été suivie de plusieurs semaines à l’hôpital. Durant ce temps, nous avons utilisé des sangsues pour prévenir la coagulation dans les petits vaisseaux sanguins de son pouce réimplanté. Les sangsues servent également à prévenir les caillots. »

Nous avons donc dû garder Nathan à l’hôpital pour une longue période afin de prévenir la formation de caillots à l’aide de médicaments et de sangsues. 

Après des semaines de thérapie par les sangsues, Nathan a subi une deuxième chirurgie. On a alors remarqué que les cellules d’une partie du tissu étaient mortes.

« Après la réimplantation, une petite section du pouce a souffert de nécrose, soit la mort prématurée des cellules », explique le Dr Dool. « Nous avons alors créé une poche sous la peau de la poitrine de Nathan et avons cousu son pouce dans son estomac. Après trois semaines, nous avons libéré son pouce et utilisé l’excédent de peau créé sur sa poitrine pour couvrir le pouce. »

Nathan a donc passé trois semaines son pouce implanté dans son estomac pour favoriser la régénération cellulaire. Il passait la plupart de ses journées enroulé dans des pansements pour garder son bras en place.

Sa dernière chirurgie pour libérer son pouce de son estomac s’est très bien déroulée et il a finalement pu retourner à la maison après avoir passé presque deux mois à l’hôpital.

« C’est un vrai petit cœur », dit le Dr Dool. « De tous les mots dont je pourrais me servir pour décrire Nathan, je crois que « brave » est celui qui me vient automatiquement en tête pour des raisons évidentes. Il a dû se soumettre à plusieurs chirurgies et un long séjour à l’hôpital pour passer au travers de cette épreuve. »

NATHAN ET LES INFIRMIÈRES

Ces jours-ci, Nathan peut parler de son accident avec confiance et humour. Il peut expliquer le son que fait l’ambulance et la vitesse à laquelle elle roule.

Dans les jours suivant son accident, il n’était plus lui-même. Il était silencieux, épeuré, voire méconnaissable, pour les gens qui le connaissent et l’aime.

Avec l’aide des membres du personnel, Nathan est lentement redevenu l’enfant enjoué qu’il était. Derek Kidd, physiothérapeute pédiatrique, a été la première personne à faire sourire Nathan et à lui faire retrouver son entrain. Les blagues de Derek ont su faire sourire Nathan pour une première fois. Après cette rencontre, Nathan avait pratiquement toujours le sourire aux lèvres.

Photo - Nathan et Derek Kidd, physiothérapeute pédiatrique chez Horizon.

Nathan et Derek Kidd, physiothérapeute pédiatrique chez Horizon. 

« L’attitude un peu décalée de Derek motivait grandement Nathan », souligne Cyndy. « C’est à partir de ce moment-là que les choses ont pris du mieux. »

Il riait et jouait avec quiconque entrait dans l’Unité de pédiatrie. Selon Cyndy, Nathan se promenait dans l’unité comme s’il était chez lui.

Les membres du personnel sont devenus des membres de sa famille, et ses camarades de jeu, des bouées de sauvetage. Il appelait avec affection l’équipe soignante de l’Unité de pédiatre « les filles » et faisait rire tout le monde en nommant son pied à perfusion « Karen », soit le nom d’un personnage de la série télévisée d’animationBob l’éponge.

Les jeux de société et les blocs Lego sont devenus les vedettes de son séjour à l’hôpital. Il aimait tout ce qui pouvait le garder occupé entre ses rendez-vous, les séances de physiothérapie et les changements de pansement.

« Nathan a été un excellent patient », mentionne Grace Osbourne, infirmière auxiliaire autorisée. « Ce petit garçon a surmonté beaucoup d’obstacles, mais il ne s’est pas laissé abattre. »

Grace a travaillé quotidiennement auprès de Nathan. Elle a participé aux changements de pansement, elle s’est promenée avec Nathan et elle lui a offert du réconfort. Elle se souviendra toujours de son doux sourire et de ses câlins chaleureux.

Photo - Nathan et Grace Osbourne, infirmière auxiliaire autorisée chez Horizon.

Nathan et Grace Osbourne, infirmière auxiliaire autorisée chez Horizon.

REGARD EN ARRIÈRE

La plupart des gens se souviendront de 2020 comme l’année de la pandémie de COVID-19, pour Cyndy, ce sera l’année où Nathan a séjourné à LHM.

Bien que l’expérience ait été parsemée d’embûches, Cyndy est reconnaissante du fait que Nathan va bien, qu’il se rétablisse bien et que son expérience ait été positive.

« Les souvenirs que nous garderons de cette expérience seront positifs », dit-elle. « Ce qui aurait pu être une très rude épreuve pour Nathan a été rendu positive par les membres du personnel. Les mots me manquent. Je ne pourrai jamais en dire ou en faire assez pour montrer ma reconnaissance envers les membres du personnel de l’unité. Nathan s’est taillé une place dans le cœur de chacun d’eux et vice versa. »

Nathan pense le plus grand bien de toutes les personnes qui ont pris soin de lui pendant son séjour à l’hôpital. Quant aux membres du personnel qui l’ont côtoyé, ils sont persuadés qu’il a un brillant avenir devant lui.

En effet, Nathan souhaite devenir infirmier lorsqu’il sera grand, tout comme les infirmières qui, selon lui, lui ont sauvé la vie.

Photo - Des membres du personnel ont aidé Nathan à décorer la porte de sa chambre d'hôpital d'images de la Pat'Patrouille.

Des membres du personnel ont aidé Nathan à décorer la porte de sa chambre d’hôpital d’images de la Pat’Patrouille.