Bâtir un système de soins de santé viable au Nouveau-Brunswick

Karen McGrath May 2019 No Crop

Karen McGrath, Présidente-directrice générale du Réseau de santé Horizon

La santé est un enjeu complexe. Quelles que soient les circonstances, la santé demeure un sujet délicat, déchirant et doté d’une grande charge émotive.

Dans sa forme actuelle, le système de santé du Nouveau-Brunswick présente un défaut : il n’est pas viable.

Avoir en place un système de soins de santé viable, c’est être capable d’offrir des soins de santé sûrs et de qualité sans assister à des interruptions de service causées par des pénuries de personnel.

Ce n’est pas le cas de notre système de santé actuel, et c’est pourquoi nous devons y apporter des changements immédiats et importants. Nous avons la responsabilité de mettre en place aujourd’hui des changements qui seront salutaires à nos collectivités demain.

Pour pallier le manque, les membres de notre personnel se trouvent constamment devant des choix difficiles, que ce soit de fermer temporairement des unités et des lits ou de déterminer quel membre du personnel pourrait être emprunté d’un service pour pourvoir un manque dans un autre service. Ils n’ont pas les ressources nécessaires pour continuer à offrir leurs programmes.

Au cours des deux dernières années, on a dénombré plus de dix interruptions de services dans les établissements d’Horizon, la dernière s’étant produite le 14 février. Nous avons dû fermer des unités de soins obstétricaux, de soins de santé mentale et de soins médicaux et réduire le nombre de lits disponibles en raison de postes vacants, de pénuries de personnel, de congés de maladie chez le personnel et de l’impossibilité de trouver un médecin pouvant assurer la prestation de services durant des quarts donnés.

Environ 35 pour cent des médecins, 40 pour cent du personnel infirmier et 40 pour cent des technologues de laboratoire médical seront admissibles à la retraite au cours des cinq prochaines années.

Ce n’est pas en continuant de fonctionner de la sorte que nous pourrons offrir des soins de santé sûrs et de qualité. La population mérite mieux. Nos employés et nos médecins méritent mieux.

Voilà pourquoi nous apportons les changements annoncés cette semaine.

Nous pouvons offrir aux patients qui présentent un cas non urgent un meilleur accès aux soins de santé primaires durant le jour, le soir et la fin de semaine en modifiant les heures des services d’urgence. Ainsi, les patients auront un meilleur accès aux soins offerts par les médecins de famille, les infirmières praticiennes et les professionnels de la santé mentale dans les trois collectivités touchées, ce qui devrait désengorger nos hôpitaux régionaux.

Nous pouvons nous assurer que nos patients en attente d’un placement en milieu communautaire ou dans un foyer de soins reçoivent les soins, les ressources et le soutien dont ils ont besoin pendant qu’ils se trouvent dans nos établissements en procédant à la restructuration de nos unités pour patients hospitalisés et à l’ajout d’un poste à temps partiel de récréothérapeute. Nous offrirons également des services de soins palliatifs de base pour les patients atteints de maladies chroniques.

Nous avons pris la décision de mettre fin aux activités du programme de chirurgie de l’Hôpital mémorial de Sackville parce que le volume de chirurgies réalisées à cet établissement était faible et pouvait être intégré au volume de L’Hôpital de Moncton.

Je comprends que nos employés, nos médecins et les résidents des collectivités de Perth-Andover, de Sussex et de Sackville se sentent pris au dépourvu et ignorés dans cette prise de décision.

En tant que dirigeants de notre organisation, mes collègues de l’équipe de la haute direction et moi avons le devoir de prendre des décisions opérationnelles.

Les changements annoncés sont on ne peut plus opérationnels. Dans nos fonctions, nous sommes à même de constater les enjeux auxquels notre système fait face dans une optique qui va bien au-delà des frontières de chacune de ces collectivités et qui tient compte des besoins et des défis se faisant sentir dans tout le système de santé. Les décisions qui en résultent sont difficiles à prendre.

Les changements ne s’arrêteront pas là.

Nous devons étudier notre organisation dans son ensemble, mener un examen exhaustif de nos programmes et services dans le but d’élaborer un plan relatif à la prestation des services cliniques ainsi que nous pencher sur de nouvelles façons d’offrir les services de laboratoire et les services d’alimentation. Nous devons également mettre en œuvre des plans de recrutement et de maintien en poste afin de remédier aux pénuries de personnel.

Je comprends que les changements annoncés vont droit au cœur des trois collectivités touchées. Nous comprenons que vous voulez avoir accès à ces services près de chez vous, mais nous croyons qu’il y a un meilleur moyen d’assurer la prestation de soins et nous espérons qu’avec le temps, vous en serez également convaincus.

Durant la mise en œuvre de ce plan d’action, nous allons surveiller de près les changements, offrir le soutien à nos employés et à nos médecins et nous allons tenir les collectivités informées.